Mémoire sociale et rôle de la région hippocampique CA2 – Illustration: Frontiers in Behavioral Neuroscience Infographie: Reichlen.net
Le Syndrome des faux souvenirs, en anglais False Memory Syndrome, est un phénomène psychologique complexe qui se manifeste lorsque des individus développent des souvenirs détaillés et vivaces de situations qui ne se sont jamais produites. Ces souvenirs erronés, auxquels l’individu croit comme s’ils avaient réellement existé, peuvent avoir des conséquences profondes sur la psyché, la santé mentale et même sur le plan juridique. Il est par conséquent crucial de diagnostiquer et de traiter ce syndrome le plus tôt possible, afin de minimiser ces effets indésirables.
Attention : Cet article est un survol de la question. Et ne remet en aucun cas en cause les témoignages authentiques des victimes. C’est d’ailleurs toute la difficulté de faire la différence entre le vrai et le faux !
Causes possibles du Syndrome des faux souvenirs
Le Syndrome des faux souvenirs peut être déclenché par différentes causes, notamment des suggestions induites par des tiers, certains types de thérapie qui n’en sont pas vraiment, des événements traumatisants réels ou imaginaires, ou encore des médias sensationnalistes ; et bien sûr les réseaux (dys-)sociaux, lorsque l’individu y consacre beaucoup de temps, et n’a pas le recul nécessaire, ainsi que la ‘’grille de lecture’’ adéquate. Les individus qui en souffrent peuvent être convaincus de la véracité de leurs souvenirs, alors qu’ils peuvent être sont totalement faux.
« Le point des mot, le choc des photos », était le slogan fut un temps du célèbre magazine Paris Match. Désormais, on parle du diktat de l’image. En effet, il n’y a pas mieux que l’image pour manipuler le ‘’chaland’’.
A propos de ‘’ suggestions induites par des tiers’’, nous avions parlé naguère de ‘’Syndrome de la mémoire falsifié’’. Ce principe est abondamment utilisé par les mouvements à dérive sectaire, et certains dévoiements du fait religieux. C’est également un axe manipulatoire utilisé par certains publicitaires et discours politiques.
Cela n’est pas sans faire penser au Syndrome de Münchhausen par procuration (SMPP), qui veut qu’un enfant entre 3 et 5 ans exprime un trouble factice simulé ou/et induit par ses parents. Sachant que l‘enfant apprend essentiellement par mimétisme et captation émotionnelle.
Conséquences psychologiques du Syndrome des faux souvenirs
Les conséquences psychologiques de ce syndrome peuvent être profondes. Sachant que certains de ces faux souvenirs peuvent remonter à l’enfance.
L’enfant ayant la capacité avec son imaginaire de s’approprier un fait notamment traumatique comme s’il l’avait vécu, alors que ce ne sera pas forcément le cas. Mais cela le conditionnera dans son développement, s’il échappe à ses parents, ou que ceux n’y sont pas attentifs. Etant peut-être eux-mêmes dans une forme de croyance et de négation ?
Les personnes touchées peuvent ressentir de l’anxiété, de la dépression, de la confusion et de la détresse émotionnelle en raison de la confrontation avec des souvenirs qui ne correspondent pas à la réalité.
En outre, cette croyance en de pseudo-souvenirs peut mener à une altération, parfois profonde, de l’estime de soi et de l’identité personnelle. Puisque nos souvenirs jouent un rôle déterminant dans la construction de notre identité.
Souvenirs erronés qui peuvent également affecter les relations interpersonnelles, entraînant des conflits familiaux et des ruptures de liens sociaux. Et même favoriser l’apparition de troubles de la personnalité et du comportement, jusqu’à des troubles dissociatifs.
Conséquences sur la santé du Syndrome des faux souvenirs
Le Syndrome des faux souvenirs peut également avoir un impact profond sur la santé des individus. Sachant que le mental et le physique sont indissociables, comme l’est le cerveau et la psyché.
Les personnes qui croient en leurs faux souvenirs peuvent développer des symptômes physiques liés au stress, tels que des maux de tête, des troubles du sommeil et des problèmes gastro-intestinaux. Exactement comme lorsqu’il y a eu certains types de psychotraumatismes.
De plus, l’anxiété constante associée à la crainte d’interagir avec des personnes ou des situations liées aux souvenirs erronés peut entraîner des problèmes de santé mentale à long terme. Un stress qui peut devenir chronique, et particulièrement destructeur pour sa santé.
Certains psy, dirigistes, narcissiques, invasifs, plus pseudo-gourous* que soignants, ne sont pas exemptes de faits manipulatoires. Je sens que je vais encore me faire des ami(e)s…
Elisabeth Loftus, psychologue cognitiviste et chercheuse nord-américaine spécialiste de la question, dans son ouvrage « Le syndrome des faux souvenirs, Ces psys qui manipulent la mémoire » (Editions Exergue, 2012) parle justement de ces psy qui s’appuient sur un pseudo-freudisme simpliste et de nouvelles psychothérapies en vogue, sur fond du mythe des souvenir refoulés, prétendent faire resurgir à la mémoire des « souvenirs refoulés » de traumatismes enfantins, généralement sexuels.
Ils ont en réalité contribué à produire des « faux souvenirs », qui parfois entraînent des familles entières dans un enfer de ressentiment, où les fantasmes sont confondus avec la réalité. Bien des récits en témoignent.
Des « faux souvenirs » d’inceste, de viol et même pire, ont conduit à de tragiques erreurs judiciaires qui ne sont pas sans évoquer les chasses aux sorcières d’antan (et qui, en outre, nuisent à la cause des victimes réelles qui, elles, n’ont jamais oublié). A l’inverse, certaines victimes, notamment femmes, n’ont pas été crues… [Source*]
Conséquences juridiques possibles du Syndrome des faux souvenirs
Sur le plan juridique, le Syndrome des faux souvenirs peut avoir des conséquences très graves. Les souvenirs erronés peuvent conduire à de fausses accusations, en particulier dans les cas d’abus sexuel présumé.
Ces accusations, parfois reprises sans autre par des professionnels censés pourtant faire la part des choses entre le crai et l’imaginaire, peuvent détruire durablement la vie des personnes accusées à tort ! Et entraîner des stigmatisations sociales incommensurables.
L’expertise psychologique, voie psychiatrique, joue par conséquent un rôle essentiel dans la détection et l’analyse de ces faux souvenirs lors des procédures juridiques. Il est essentiel que les professionnels de la justice soient informés de ce phénomène et de ses implications pour pouvoir prendre des décisions éclairées.
Et prendre des mesures pour évaluer la fiabilité de ces souvenirs, parfois fournis en toute sincérité mais totalement erronés, lorsqu’ils sont utilisés comme preuves dans les affaires judiciaires. Quand il n’y a pas carrément un problème d’EJ*. Mais de cela, rares sont les magistrats qui veulent en entendre parler. Cela dit de manière générale.
Cette thèse est très intéressante « et peut expliquer de fausses accusations notamment de violences ou viols : un grand-père avait été accusé par son petit-fils et à été condamné à une lourde peine de prison. [En fait] il était innocent ainsi que cela à été reconnu ultérieurement.» Témoignage d’une magistrate à la retraite.
Problème d’ailleurs rencontré par bien des enquêteurs quant aux témoignages recueillis lors d’un accident ou d’un délit, voire d’un crime. Mais s’ils ne sont pas tributaires de biais cognitifs, et mènent leur enquête dans les règles de l’art, ils arrivent très bien à faire la part des choses. Dans le cas contraire, ils se montre malgré eux en quelque sorte complices.
Qu’en conclure ?
Le syndrome de faux souvenirs, ou Syndrome de la mémoire fausse, voire de la mémoire faussée et même falsifiée, est un phénomène complexe qui souligne la fragilité de notre mémoire.
Ses conséquences délétères peuvent être lourdes, autant sur le plan psychologique, de la santé, ou juridique. Il est d’ailleurs essentiel de sensibiliser les individus, les professionnels de la santé, notamment mentale, ainsi que les encadrants, enquêteurs, et bien sûr juristes, magistrats, à ce syndrome, afin de mieux en comprendre les causes, les conséquences, et de mettre en place préventivement les mesures de précaution appropriées. Et ainsi évite des erreurs, parfois graves, notamment sur le plan judiciaire.
Il est aussi important de continuer à étudier ce syndrome, afin de mieux le comprendre, le prévenir, et le traiter.
A noter que toute théorie scientifique, faut-elle validée, et sujet à discussion, voie à controverse. C’est d’ordre normal. Aussi, rien n’est jamais vraiment acquit, une découverte scientifique en amenant une autre, et ainsi de suite. C’est le principe même de la recherche, que celui de découvrir, et parfois de ce fait, remettre en question.
Les médias, en particulier audio-visuels, auraient mieux expliqué cela lors de la pandémie de Covid-19, et surtout pas, comme centaines émissions à grande écoute; en s’érigeant en ‘’tribunal de plateau’’, et gageons que les différents messages seraient bien mieux passés. Mais les biais cognitifs aidant une certitude du bienfondé de ce à quoi l’on croit…
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Illustration : Nikolaos Tzakis et Matthew R. Holahan, Social Memory and the Role of the Hippocampal CA2 Region, Frontiers in Behavioral Neuroscience (en anglais, l’article peut y être téléchargé)
EJ : Expert judiciaire ou Expert de Justice, des experts dans leur domaine, et assermentés. J’avais une fois dit à une amie très chère, haute-magistrate de son état, que je n’avais jamais vu ici autant d’assermentés… menteurs. Je ne parlais pas que des EJ, mais de bien d‘autres. Et elle en avait d’une certaine manière, et très concrète, convenue.
Gourou : Que nos ami(e)s indien et indouistes nous pardonne cette amalgame très ‘’Occident autocentré’’. Car en réalité, dans la religion brahmanique, ‘’Gourou’’ veut dire en langue hindî ‘’Maître spirituel’’, au sens de la maîtrise et de la juste guidance. Cela n’a par conséquence aucune relation avec celles et ceux qui jouent les gourous, parfois de pacotille, si ce n’est l’incurie de certains.
Source (livré cité) : Le texte du commentaire est inspiré du résumé donné par l’éditeur. Cependant, j’émets quelques réserves sur la traduction en français : traduire, c’est bien. Y introduire des biais, l’est moins. En particulier lorsque l’on connait la frilosité en France, en regard de certains protocole pourtant efficaces et validés aux Etats-Unis, Canada, Allemagne, Suisse, Belgique, Italie, etc. Là, on peut se risque à parler d’ethnocentrisme.